RICHARD WAGNER WEBSITE __________________________________________________________________________________ |
LA CONCEPTION DES MAÎTRES CHANTEURS LES LIEUX DE L'ACTION LA GENÈSE MUSICALE DES MAÎTRES CHANTEURS LES MAÎTRES CHANTEURS AU XXe SIÈCLE |
La conception des Maîtres Chanteurs de Nuremberg remonte elle aussi au séjour capital que fit Wagner à Marienbad pendant l'été 1845. Il avait en effet décidé que sa prochaine oeuvre serait un opéra comique; en prenant cette décision, il suivait également les conseils de ses amis qui estimaient qu'après Le Vaisseau Fantôme et Tannhäuser, un opéra de «genre léger» rencontrerait plus de succès auprès du public. Et de ce succès, Wagner en avait alors terriblement besoin. Jusque là, mises à part les représentations de Dresde, ses seules oeuvres jouées avaient été Rienzi à Hambourg et à Königsberg, et Le Vaisseau Fantôme à Riga, Kassel et Berlin.
Il avait emporté à Marienbad l'Histoire de la littérature nationale allemande de Georg Gottfried Gervinus. Dans un chapitre intitulé «Le déclin de la poésie chevaleresque et la naissance de la poésie populaire», il trouva une étude sur l'art des maîtres chanteurs et sur Hans Sachs. Curieusement, il se sentit immédiatement attiré par le nom et la fonction du «marqueur»; Gervinus ne mentionne pourtant le poète que de manière accessoire. Ignorant tout encore des oeuvres poétiques de Hans Sachs ou de ses contemporains, il se représenta, au cours d'une promenade, une scène «où le cordonnier, frappant sur sa forme avec son marteau, donne lui, l'artisan-poète populaire, une leçon au marqueur qu'il a contraint de chanter, pour se venger de ses méfaits et de son pédantisme. Je voyais devant moi toute la scène, concentrée en deux traits essentiels: le tableau noir couvert de traits de craie du côté du marqueur, et Hans Sachs, brandissant les chaussures qu'il avait confectionnées en 'marquant' les fautes». Wagner imagina alors une étroite ruelle tortueuse, où se déroulait une rixe comme celle à laquelle il avait lui-même assisté à Nuremberg en 1835. À cet instant, il se représenta Les Maîtres Chanteurs comme «un drame satyrique se reliant par son contenu à [sa] Guerre des Chanteurs de la Wartburg». Dans cette première esquisse en prose, il conçut Hans Sachs comme «la dernière incarnation de l'esprit du peuple artistiquement créateur», et l'opposa à «l'esprit petit bourgeois des soi-disant maîtres-chanteurs». Il peignit le «pédantisme ridicule de ces derniers, poètes selon la tablature, dans la figure très personnalisée d'un 'marqueur'». En décidant de composer Les Maîtres Chanteurs, l'intention première de Wagner fut donc de se livrer à une parodie des fonctions du marqueur. Puis il mit ce projet de côté et n'en reparla qu'au moment de la rédaction d'Une Communication à mes amis, en 1851. Le plan des Maîtres Chanteurs de Nuremberg décrit dans cet ouvrage contient déjà les traits essentiels de l'action du livret définitif: «Le doyen d'âge de la corporation offrait alors la main de sa fille au maître qui remporterait le prix d'un prochain concours. Le marqueur, qui courtise déjà lui-même la jeune fille, trouve un rival en la personne d'un jeune chevalier que la lecture des légendes héroïques et des anciens Minnesänger a enthousiasmé au point de lui faire quitter le château plus ou moins en ruine de ses ancêtres et de venir apprendre à Nuremberg l'art des maîtres chanteurs. Il demande à être admis dans la corporation, poussé par un amour soudain pour la jeune fille offerte en prix et 'que seul un maître de la corporation peut conquérir'. Soumis à l'épreuve, il chante un lied enthousiaste à la louange des femmes, non sans s'attirer la désapprobation constante du marqueur, de sorte qu'à la motié du lied le candidat a déjà 'déchanté'. Sachs, auquel ce jeune homme plaît, fait échouer alors, dans l'intérêt même de son protégé, une tentative désespérée de celui-ci pour enlever la jeune fille. Cet épisode lui donne aussi l'occasion de faire enrager le marqueur. Celui-ci, qu'on avait vu dans une scène précédente s'en prendre grossièrement à Sachs et l'humilier à cause d'une paire de chaussures qui n'était pas prête, s'est posté pendant la nuit devant la fenêtre de la jeune fille pour lui donner en guise de sérénade la primeur du lied avec lequel il espère la gagner; il compte ainsi s'assurer à l'avance de sa voix, décisive dans l'attribution du prix. Sachs, dont l'échoppe de cordonnier fait face à la maison à laquelle s'adresse la sérénade, se met lui-même à chanter tout haut avec le marqueur, parce que, dit-il à l'autre furieux, c'est pour lui le seul moyen de rester éveillé quand il doit travailler si tard: or, le travail presse, personne ne le fait mieux que le marqueur qui l'a tout à l'heure si durement rappelé à l'ordre à cause de ses souliers. Finalement il promet au malheureux marqueur de s'arrêter, à condition que l'autre lui permette de marquer les fautes que lui, Sachs, percevrait à son sentiment, dans la chanson, et de les marquer à sa manière de cordonnier, c'està-dire en frappant chaque fois d'un coup de marteau le soulier mis sur sa forme. Le marqueur commence à chanter: Sachs frappe à coups redoublés sur la forme. Le marqueur furieux bondit sur lui, l'autre lui demande calmement s'il a terminé sa chanson. 'J'en suis loin' crie le marqueur. Sachs lui tend alors en souriant les souliers qu'il vient de terminer avec ses 'coups de marqueur'. Le reste du chant, que le marqueur dans son désespoir a hurlé tout d'une traite, lui vaut un piteux échec, comme on voit aux signes éloquents que fait une silhouette de femme à la fenêtre en secouant la tête. Le marqueur, qui ne peut s'en consoler, demande le jour suivant à Sachs un nouveau lied pour conquérir la jeune fille; Sachs lui donne un poème du jeune chevalier en prétendant qu'il ne sait pas d'où il le tient; il lui recommande simplement de bien chercher «l'air» qui lui convient pour être chanté. Le marqueur, dans sa vanité, est sur ce point sûr de lui et chante devant le jury composé de maîtres chanteurs et de gens du peuple un air qui ne convient absolument pas et qui déforme le poème, de sorte qu'une nouvelle fois, mais définitive celle-là, il échoue à l'épreuve. Furieux il accuse Sachs de tromperie pour lui avoir conseillé de prendre un poème misérable. Sachs répond que le poème est fort bon, à condition d'être chanté sur l'air qui lui convient. On décide que celui qui saura trouver cet air sera le vainqueur. Le jeune chevalier s'en montre capable et conquiert la jeune fille, mais il dédaigne l'offre qu'on lui fait d'entrer dans la corporation. Sachs défend alors celle-ci avec humour et termine par ces vers: Et dût le Saint Empire romain partir en fumée Pour quelle raison Wagner n'a-t-il pas exécuté ce plan immédiatement et a-t-il préféré le laisser mûrir pendant dix ans? Dans Une Communication, Wagner justifie ses tergiversations en expliquant que la gaieté requise par un tel sujet ne s'exprimait encore chez lui qu'à travers l'ironie. Cette ironie se reliait à l'élément purement formel de son art et de son être, et non à leurs racines plongées dans la vie. A cette époque, Wagner considère l'ironie comme la seule forme de gaieté accessible à l'intelligence publique. Elle s'attaque à ce que la vie publique contient de contraire à la nature, par le défaut de la forme; en effet, la forme étant ce qu'il y a de plus manifeste, elle est aussi ce qu'il y a de plus compréhensible. Ne pouvant saisir son contenu, nous sommes poussés à recourir précisément à cette même forme, dont nous nous moquons ailleurs ironiquement. La gaieté ne peut donc se manifester dans «son véritable contenu», dans sa vérité de force vitale réelle. Pour redonner à la gaieté sa force vitale, il faut résister à l'élément de la vie qui empêche la gaieté de se manifester purement. Mais, dans la vie moderne, cette résistance ne peut prendre que la forme d'une nostalgie et finalement d'un soulèvement, c'est-à-dire les traits de la tragédie. Sa nature réagissait contre «la tentative manquée» de se défaire «par l'ironie, du contenu qui faisait la force de [sa] gaieté», et il considérait cette tentative comme «la dernière expression d'un désir de jouissance qui voulait se réconcilier avec un entourage vulgaire». A son sens, «l'élément de la vie qui mérite seul et réellement le nom de 'gaieté' et qui est le plus haut destin auquel puisse accéder l'art de l'avenir», c'est «la pleine unité de l'esprit et de la sensualité». Dès son retour à Vienne, il commença à rassembler de la documentation et à élaborer une grande esquisse en prose. Il emprunta à la Bibliothèque impériale la Chronique de Nuremberg de Johann Christoph Wagenseil, contenant le supplément: De l'art gracieux de Maîtres chanteurs, auquel Gervinus avait déjà recouru pour son histoire de la littérature. Les notes manuscrites de Wagner couvrent quatre pages. Elles portent essentiellement sur des informations techniques, telles que les règles de la poétique des maîtres chanteurs, les noms des maîtres et de leurs chansons, le programme d'une école de chant, etc. Il connaissait le traité de Jacob Grimm Sur la poésie des Maîtres chanteurs ainsi que la biographie de Hans Sachs par Friedrich Furchau; ces volumes figuraient en effet dans sa bibliothèque de Dresde. De temps en temps, il se mettait même à se «frotter les yeux» en s'aperçevant du «contraste comique» qu'offraient son projet et «le lieu de son exécution» (à Peter Cornelius, 11. 12. 1861). Et il éclatait de rire lorsque, levant les yeux de son travail, il voyait en face de lui les Tuileries et le Louvre, le trafic inouï sur les quais et les ponts, et qu'il se demandait «quel effet ferait Hans Sachs à Paris» (ibid.). Dans son isolement, sa seule joie et son seul plaisir étaient le travail. Dans la galerie du Palais Royal, sur le chemin de la Taverne Anglaise où il prenait d'ordinaire ses dîners, il inventa le thème du choeur «Wach auf» («Réveillez-vous»). Il avait demandé à Schott, son éditeur, de lui envoyer un volume sur les anciens chorals, notamment de l'époque de la Réforme, et un recueil de chansons populaires allemandes. A Paris, il ne disposait pas d'ouvrages sur ce sujet. Les Maîtres Chanteurs protestants allemands ont également été écrits à Paris en réaction contre le caractère «catholique et méridional», comme l'a formulé Hans Mayer. On peut également sentir dans cette oeuvre la volonté d'opposer au monde latin (neuf mois après le scandale de Tannhäuser) quelque chose d'allemand, de même qu'un très net désir, une sorte de nostalgie, de voir réalisée l'unité de sa patrie, de son peuple et de son art. datant de 1827, et l'opéra comique Hans Sachs, d'Albert Lortzing, créé à Leipzig en 1840, deux oeuvres populaires et fréquemment jouées. Voici l'essentiel du contenu de l'ouvrage de Deinhardstein: le jeune Hans Sachs demande en mariage la fille d'un riche orfèvre. Il a pour rival un conseiller municipal vaniteux; il en résulte un malentendu et un conflit tranché par l'empereur Maximilien I. Le point culminant de la fête qui suit est le moment où l'on décerne à Hans Sachs les lauriers de poète. L'opéra de Lortzing suit le même schéma. L'intérêt de la version de Wagner ne réside pas dans les similitudes mais dans les différences. Contrairement au projet original, le marqueur n'est plus le personnage principal du livret; Wagner a déplacé le centre de l'action au profit de Sachs et de Walther. Dans la figure de Hans Sachs, il a créé l'un de ses personnages les plus complexes et les plus beaux. L'image que nous nous faisons du cordonnier-poète historique du XVIe siècle est encore profondément marquée aujourd'hui par le personnage de l'opéra de Wagner. Les modèles littéraires contenaient déjà les principaux traits dont Wagner a lui aussi pourvu son Sachs: la bonhomie, l'honnêteté, la loyauté, la sensibilité et le coeur, auxquels se joignent la malice et l'espièglerie. Mais le Sachs de Wagner est d'abord et surtout un artiste. L'art poétique et lyrique de Sachs répond aux propres exigences artistiques de Wagner: l'oeuvre d'art se manifeste d'une «facon rigoureusement déterminée par le lieu, le temps et les circonstances», et possède donc «une efficacité des plus vivantes». Son thème est «l'humain universel». Elle est enracinée dans la vie, comme la poésie des Grecs anciens et celle de Shakespeare (Une Communication). Le 23 novembre 1862, Wagner donna à Vienne une lecture du livret des Maîtres Chanteurs: Hanslick, indigné, quitta la salle. Il est hors de doute qu'avec Beckmesser, Wagner pensait aussi à un «méchant critique» (cf. sa lettre au chanteur Rudolf Freny, 25. 10. 1872). Ce personnage est également l'expression des blessures personnelles de Richard Wagner. Au prix d'efforts considérables et en dépit des oppositions et des critiques, il avait créé des oeuvres qui sortaient des sentiers battus; il est vrai qu'en livrant à la dérision un fanatique des règles, qui méprise tout ce qui s'en écarte, il ne réagissait pas de façon souveraine et imperturbable; mais son attitude est fort compréhensible. «un écho de ces heures nocturnes, secrètes et inquiétantes de l'âme, où les causes et les conséquences semblent sorties de leurs gonds et où quelque chose peut à chaque instant naître 'du Néant'». «Et quand donc une 'innovation' aurait-elle été créée sans 'grand bruit par les ruelles', sans le désarroi et le désespoir d'esprits intelligents, sans bagarre nocturne des 'accoucheurs' actifs et passifs bref, sans ce 'délire' auquel Wagner, cet artiste philosophe quinquagénaire, mûr et conscient, impute un rôle très important dans la genèse de l'oeuvre d'art?» (Wieland Wagner). Nous estimons aujourd'hui qu'en parvenant à représenter tout cela dans sa scène de pugilat, Wagner a réalisé sa création la plus pénétrante. |
German Christian Hebraist; born at Nuremberg Nov. 26, 1633; died at Altdorf Oct. 9, 1705. In 1667 he was made professor of history at Altdorf, and was professor of Oriental languages at the same university from 1674 to 1697, after which he occupied the chair of ecclesiastical law until his death. For his knowledge of Hebrew he was chiefly indebted to Enoch Levi, who had come from Vienna to Fürth about 1670. Wagenseil devoted his learning to publishing anti-Christian works of Jewish authors, and undertook long journeys to gather his material. The fruit of this work is the collection entitled «Tela Ignea Satanæ, sive Arcani et Horribiles Judæorum Adversus Christum, Deum, et Christianam Religionem Libri» (Altdorf, 1681), which includes the apologetic «?izzu? Emunah» of the Karaite Isaac b. Abraham of Troki. Becoming convinced by the «Toledot Yeshu» that the Jews were guilty of blaspheming Jesus, Wagenseil addressed to all high potentates his «Denunciatio Christiana de Blasphemiis Judæorum in Jesum Christum» (Altdorf, 1703), in which he implored them to restrain the Jews from mocking at Jesus, Mary, the cross, the mass, and Christian teachings. Although he would have been pleased to see the Protestant princes show greater zeal in the conversion of the Jews, Wagenseil was opposed to forcible baptism and similar measures, and devoted a special treatise to the refutation of the charge of ritual murder. |