|
Texte:
Peter Schnetz
"...
et écrivez-nous donc encore quelques lignes à ce sujet",
m'a dit la rédactrice au téléphone. "Volontiers",
lui ai-je répondu. Et me voilà, assis devant une page
vierge, réfléchissant comme jamais à mon métier,
me demandant comment tout a commencé. D'une manière
tout à fait classique, pourrait-on dire. J'étais encore
écolier quand on m'a offert un appareil de photo. Ses possibilités
techniques étaient plutôt restreintes, mais ceci a
eu un effet éducatif: dès le début le quoi
et non le comment était au centre de mes essais photographiques.
Mon tout premier sujet était une roue de vélo que
je laissais descendre du haut d'une pente. C'est depuis ce moment-là
que tout ce qui est mouvement m'aura intéressé. D'abord
les photos de presse pour le sport, les défilés de
mode, le cirque - bref: tout ce qui montrait des gens en action.
Plus tard, ce seront les vols d'étourneaux, les choucas évoluant
dans le vent devant un restaurant de montagne, ou encore les mouvements
lents des vaches au pâturage.
Et
puis il y a la musique. Avec elle, bien des mouvement deviennent
plus souples, plus harmonieux; les personnes semblent voler à
travers l'espace. Ma voie me mènera donc là où
tous ces élément sont réunis: au théâtre,
à l'opéra, au ballet. C'est une œuvre attachante
que de fixer et de décrire, en quelques secondes, tout un
ballet sur pellicule, soit le résultat de plusieurs mois
de travail. Ou plus exactement, en une seule image, car dans la
plupart des cas, les journaux ne publient qu'une photo, ce qui représente
le deux cent cinquantième de seconde d'un ballet de quatre-vingts
minutes.
Ensuite,
les danseurs, le chorégraphe, le scénographe et bien
d'autres personnes qui ont collaboré à la production
regarderont cette photo, chacun de son propre regard. Cela me pèse
parfois. Mais c'est aussi un moteur puissant qui me pousse à
aller toujours plus loin dans ma recherche: arriver à fixer
l'épisode sur ma pellicule.
|