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12. EPILOGUE

Le monde tout entier semblait alors s'écrouler devant Smetana qui n'était plus sur cette terre qu'un proscrit tracassé par des hallucinations, ne jouissant que de rares moments de lucidité partielle. Il avait souvent l'impression de voir s'approcher auprès de lui des quantités de belles dames auxquelles il faissait alors d'aimables gestes, les envoyant à Prague où l'on pouvait s'amuser mieux, comme il croyait, qu'aux côtés d'un vieillard malade. Mais il revenait toujours encore à la partition de Viola qui absorbait ses dernières forces. On ne peut pas résister à une profonde émotion en remarquant combien de fois Smetana recommença, au cours de ces derniers mois de sa vie, à élaborer la partition de certains fragments de ses anciennes esquisses, réussissant tant bien que mal, comme le lui permettait son état de santé. Le début et les dernières mesures de l'esquisse de Viola qui proviennent de cette période témoignant de la puissance, de la lucidité et de la logique de cet esprit créateur, quoique à tous les autres points de vue son état mental fût déjà entièrement brisé. Les dernières mesures qu'il ait écrites ne concernent pas cependant l'esquisse, mais la partition de Viola.
Des exclamations d'enthousiasme emphatique terminent cette terrible partition qui semble être arrachée par une main surhumaine aux ténèbres de la folie.
En avril 1884, Smetana écrivit la dernière note de sa vie, inscrivant sur la partition avec une clarté terrifiante la sentence finale du destin …Dernière feuille!» C'est alors que son énergie créatrice s'éteignit pour toujours, énergie admirable, une des plus grandes qui aient été données à l'homme.

Sa famille n'était alors plus en mesure de pourvoir aux soins particuliers que sa grave maladie réclamait. Sur la recommandation des médecins, Smetana fut transporté, le 22 avril, à l'asyle d'aliénés de Katerinky à Prague. On n'y transporta plus d'ailleurs que le corps brisé du génie, que la mort libéra de ses souffrances le 12 mai 1884 à quatre heures et demie, par un après-midi ensoleillé.
Ses funérailles furent grandioses. Le cortège funèbre partit le 15 mai de la mémorable église Notre-Dame-du-Tyn située sur la Place de la Vieille Ville. La nation tout entière vint accompagner le cercueil de l'un de ses plus grands fils. Devant le Théâtre National, le cortège fut salué par des fanfares qui retentirent du balcon du Théâtre, et se dirigea ensuite au cimetière de Vyehrad où la dépouille mortelle de Smetana fut mise au tombeau.
Le même soir, on joua au Théâtre National La Fiancée vendue.
Et Franz Liszt, dans une lettre envoyée en Bohême, écrivait: «Je m'empresse de vous dire combien j'ai été bouleversé par la mort de Smetana. Car ce fut un génie...»



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